Deux décisions diamétralement opposées pour le sport échiquéen, dans le canton de Berne: une fois pousse levé, une fois pousse baissé

par Catherine Thuerig

Peter Bohnenblust: en liesse, puis sous choc.

ct - Bonne nouvelles et mauvaises nouvelles pour le soutien financier bernois des échecs: Alors que le canton de Berne soutient à nouveau les échecs avec des subventions du Fonds du Sport, le Conseil municipal de Bienne supprime toute la somme allouée par la ville au Festival des échecs. Au beau milieu des événements: Peter Bohnenblust, président du CO du Festival des échecs de Bienne, membre du Grand Conseil bernois et membre du Conseil de ville de Bienne.

La consternation était grande au sein des échecs, lorsque le canton de Berne avait, au début de l’année passée, modifié l’ordonnance cantonale sur les jeux d’argent de telle façon que les échecs ne pouvaient plus profiter des moyens du Fonds du sport. Cette action isolée du canton de Berne était d’autant plus étonnante que le débat si les échecs sont un sport ou non, semblait définitivement clos depuis l’intégration de la Fédération suisse des échecs (FSE) au sein de l’association sportive Swiss Olympic, en 2000.

En conséquence, le 7 juin 2021, Peter Bohnenblust adressa une petite motion au Grand Conseil pour demander au Conseil-exécutif pourquoi le sport échiquéen ne bénéficiait plus de l’égalité du traitement, par rapport au reste de la Suisse, pour l’octroi de subventions du Fonds de loterie et si on pouvait revenir sur cette décision. Après une réponse négative du Conseil-exécutif, l’affaire reposa pendant quelques mois.

Jusqu’au 17 mars 2022, lorsque six conseillers du Grand Conseil de divers partis adressèrent une motion au Conseil-exécutif pour lui demander de soutenir le vol à voile avec les moyens du Fonds du sport cantonal. Peter Bohnenblust profita de l’occasion pour relancer le thème des échecs, lors de contacts informels. Et résultats des courses: Depuis le 1er juillet 2022 non seulement le vol à voile, mais aussi les échecs profitent à nouveau du Fonds du sport bernois.

André Vögtlin, président de la Fédération suisse des échecs (FSE), salue cette décision en avançant un bon argument: «Si Berne avait continué de refuser aux échecs les subventions du Fonds du sport, cette décision aurait pu faire exemple et généré une réaction en chaîne fatale dans tous les autres cantons.»

La grande joie de Peter Bohnenblust après la décision du Conseil-exécutif bernois fut de courte durée et fit place au choc lorsqu’il apprit, début juillet, que le Conseil de ville biennois (exécutif) supprimait, dans le cadre de son programme de stabilisation budgétaire, toute subvention pour le Festival des échecs de Bienne, soit 125’000 francs par année (y compris 30’000 francs de location pour la Maison des congrès). Cette somme représente plus de 30 pourcents du budget. «Il faut être réaliste: Le Festival des échecs dans sa forme actuelle, avec un rayonnement international, serait mort», dit Peter Bohnenblust, président du CO du Festival. Il espère que le Conseil de ville (législatif), dont il fait également partie, reviendra sur sa décision lors du prochain débat sur le budget, en octobre, et octroiera au moins une partie du montant pour 2023.

L’opinion du maire de Bienne Erich Fehr, retransmise dans un interview du «Bieler Tagblatt», selon laquelle le Festival n’est pas une manifestation très prisée par la population biennoise, est contrée par Peter Bohnenblust avec l’argument de la valorisation de la région. «Beaucoup de participant(e)s au Festival et leurs accompagnant(e)s logent dans des hôtels, des appartements de vacances ou au camping et fréquentent les restaurants. En plus de cet aspect économique, le Festival des échecs a également un grand impact à l’extérieur et fait connaître le nom de la ville de Bienne dans le monde entier.»

Il fait remarquer que le Festival des échecs de Bienne assure lui-même deux tiers de son budget. «Certaines manifestations culturelles en revanche, sont financées jusqu’à 90 pourcents par les deniers publics.»

A cause de la procédure politique – en octobre le Conseil de ville débat sur le budget 2023, en novembre le peuple doit le ratifier et, si le budget n’est pas accepté, il y aura une seconde votation en avril – ce sera très juste pour la planification du prochain Festival des échecs. «Nous faisons notre possible pour que le Festival des échecs de Bienne puisse avoir lieu l’an prochain», dit Peter Bohnenblust. «Après 55 ans de travail bénévole, nous ne pouvons pas baisser les bras sans se battre.»

«Le Festival des échecs de Bienne ne peut pas mourir», dit aussi André Vögtlin. «Avec Dortmund et Wijk aan Zee il fait partie des trois plus grandes manifestations au monde qui ont la plus longue tradition. Linares, le Tal-Memorial, le M-Tel-Masters et bien d’autres ont disparu. Si Bienne disparaissait ce ne serait pas seulement très regrettable, mais une véritable catastrophe.»

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