50 ans de la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse – Regard sur le projet à succès des échecs à l’école au Liechtenstein

par Bernard Bovigny

Le corps enseignant au Liechtenstein a une attitude très ouverte et positive face au projet d’échecs à l’école.

beb - La Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse fête ses 50 ans. Elle a été fondée il y a un demi-siècle, le 25 janvier 1974. A l’occasion de ce jubilé, la Fédération Suisse des Échecs publie chaque mois sur son site swisschess.ch et dans les six éditions de la «Revue Suisse des Échecs» un article en lien avec les échecs juniors en Suisse. Aujourd’hui, nous portons notre regard au delà des frontières suisses pour découvrir le projet d’échecs en milieu scolaire au Liechtenstein.

Déjà dans les années 70, le Liechtenstein avait lancé des cours à option d’échecs, sur l’initiative personnelle de deux instituteurs, Kurt Mündle à Triesen et Heinz Marock à Eschen. Indépendamment l’un de l’autre, ils ont animé chaque mercredi après-midi des cours pour tous niveaux scolaires. Kurt Mündle a même compté jusqu’à 30 participant(e)s.

Puis en 2014, Renato Frick a lancé le projet «Chess in School» (CIS). «L’idée était de favoriser chez les écolières et écoliers l’accès au monde fascinant du jeu d’échecs, en vue notamment de permettre le transfert de connaissances dans d’autres branches, comme le soulignent de nombreuses études scientifiques», affirme le multiple champion du Liechtenstein et joueur de l’équipe nationale durant de nombreuses années.

Soutien de la FIDE et de l’ECU

La Fédération internationale des échecs (FIDE) et l’Union européenne des échecs (ECU) soutiennent financièrement le projet CIS, tout comme le Comité olympique du Liechtenstein (LOC) «Nous donnons quelque chose en retour au LOC en participant activement à l’Olympic Day depuis son démarrage en 2019», souligne Markus Krieger, président de la Liechtenstein Chess Federation (LCF). «Plus de 1000 élèves du Liechtenstein peuvent s’initier à 39 disciplines sportives lors de l’Olympic Day.»

Aucun appui financier n’est venu jusqu’à présent du Ministère de l’éducation du Liechtenstein. «Notre demande, il y a trois ans, n’a malheureusement pas abouti, bien que notre représentant au gouvernement connaisse l’apport des échecs à l’école», regrette Renato Frick. Mais il subsiste encore une petite chance. «Nous attendons les élections au parlement en février 2025 pour aborder encore une fois le Ministère de l’éducation et lui faire parvenir une nouvelle demande.»

Enseignant(e)s et parents enthousiastes

Le projet CIS a débuté en 2015 et 2016 dans les écoles de Schaan et Eschen. Comme ce démarrage a été positif et comme le Liechtenstein est petit et bien réseauté, toujours davantage d’écoles ont manifesté leur intérêt pour ce projet.

2022/2023 a été l’année record avec 192 participant(e)s. «En proportion du nombre d’habitants, c’est comme si la Suisse avait 44'000 élèves inscrits aux échecs», sourit Renato Frick.

Le secret de ce succès, selon Markus Krieger réside dans le fait que «les enseignant(e)s prennent conscience de la passion et du grand intérêt, y compris chez les élèves moins forts, pour le jeu d’échecs. C’est pourquoi autant le corps enseignant que les parents sont totalement enthousiasmés et nous soutiennent partout où ils le peuvent.»

En concertation avec les directions d’écoles intéressées qui s’adressent à lui directement ou à travers le formulaire de contact de la LCF, Renato Frick organise actuellement les cours d’échecs pour la nouvelle année scolaire. Ceux-ci démarrent durant la deuxième moitié du mois d’août, après les vacances d’été. L’enseignement des échecs est basé sur une double leçon hebdomadaire de 45 minutes, soit une heure trente au total par semaine. Les cours sont dispensés par des entraîneur(e)s de la LCF et des institutrices ou instituteurs. Dans tous les cas, une enseignante ou un enseignant est toujours présent, la plupart du temps la maîtresse ou le maître de classe.

Méthode par étapes et autre matériel didactique

Les entraîneurs et les enseignant(e)s utilisent la fameuse Méthode par étapes. Les élèves peuvent ainsi décrocher des diplômes de différents niveaux de difficulté, du pion au roi. Mais les enseignant(e)s disposent également de fiches élaborées par eux-mêmes durant toutes ces années. Par ailleurs, les écoles de la Principauté sont équipées de tableaux digitaux, où est enregistré du matériel d’enseignement électronique.

Depuis l’introduction du plan d’études 21, les écoles du Liechtenstein peuvent plus facilement intégrer des projets d’échecs dans les thèmes d’enseignement. Ainsi ces cours font partie de la grille horaire normale.

Markus Krieger se réjouit que «le corps enseignant ait une attitude très ouverte et positive face au projet d’échecs à l’école. Même des enseignant(e)s qui se montraient sceptiques ou opposés face au projet CIS sont maintenant les plus ardents défenseurs des cours d’échecs.»

Malheureusement peu d’entrées dans les clubs

Vers la fin de l’année scolaire, la LCF organise des matchs amicaux entre les écoles. Celles-ci participent également au Championnat écoliers du Liechtenstein, qui en est à sa septième édition. Elles ont la possibilité d’y remporter des coupes.

Comme le projet CIS avait démarré en 2015 dans deux des onze communes de la Principauté, Renato Frick avait lancé au Club d’échecs de Triesen une plateforme pour permettre à d’autres élèves de profiter des cours d’échecs. Entretemps, près de 20 élèves utilisent régulièrement cette offre dans les catégories débutants/ avancés moyens/ avancés. «Malheureusement nous avons constaté qu’il est extrêmement difficile de mener des élèves qui suivent les cours dans des soirées ou encore vers les clubs d’échecs. Quelques convaincus constituent l’exception», regrette Markus Krieger.

Des jeunes aux Olympiades

Le président de la LCF se dit cependant «très content du développement de la relève compte tenu de la modeste dimension de notre pays.» Ainsi, une fille de dix ans, Justine Steck, participera cette année aux Olympiades à Budapest avec l’équipe des dames. Et le junior de 16 ans Andrew Heron y fera sa première apparition avec les hommes. «Pour la première fois dans l’histoire des échecs au Liechtenstein, notre équipe des hommes sera accompagnée d’une équipe féminine aux Olympiades», se réjouit Markus Krieger.

Devenir donatrice/teur de la fondation

La Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse a besoin d’élargir le cercle de ses donatrices/teurs pour continuer à soutenir à fond les échecs juniors en Suisse. Ces contributeurs s’engagent à verser au moins 500 francs par an durant cinq ans.

Mais tous les dons de privés ou d’entreprises sont les bienvenus (IBAN CH47 0483 5002 7259 9000 0 au Crédit Suisse). Il est également possible de soutenir la Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse dans son testament.

Dans beaucoup de cantons, les montants versés à la fondation peuvent être déduits des impôts. L’argent des donatrices et donateurs soutient intégralement les échecs juniors car le Conseil de fondation œuvre bénévolement.

La Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse est dirigée par un conseil formé de huit membres. En font partie le président Michael Hochstrasser, André Vögtlin (président central de la FSE), Peter A. Wyss, Adrian M. Siegel et Ruedi Staechelin (tous anciens présidents centraux de la FSE), Rahel Umbach (coach juniors de la FSE), Gundula Heinatz Bürki (ancienne présidente de la Commission des compétitions de la FSE et joueuse de l'équipe nationale) et Lindo Duratti (coach régional ouest).

Site internet de la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse

Contact: Michael Hochstrasser, président

A lire dans la Revue Suisse des Échecs 1/24 un reportage sur un projet d’échecs à l’école de Untersiggenthal.

Connaissez vous d’autres projets d’échecs à l’école en Suisse? Vous pouvez les signaler à Rahel Umbach, membre du Conseil de la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse.

A lire en juillet dans cette série un article sur le Prix d’encouragement de la Fondation.

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